Publié le 4 mai 2013 par sourire - Dernier commentaire le 6 août 2015

1961, petit voyage en URSS

Petit voyage en URSS , 1961
Mon mari et moi débarquons à Moscou, mandatés par la boite pour qui nous travaillons ! La foire universelle se tient dans ce pays et nous avons un énorme stand. Serge y va comme traducteur, moi en tant que publicitaire, pour la gestion et la décoration.

Nous sommes heureux et inquiets de découvrir cet énorme Etat puissant et mystérieux !
-Le spoutnik est parti et revenu,
- Kroutchev a tapé avec sa chaussure sur la table,
les cœurs de l’armée rouge ont conquis l’occident avec leurs voix merveilleuses,
c’est la guerre froide avec les Etats-Unis,

mais nous ne connaissons rien de l’URSS. Mon mari est fils de réfugiés russes « blancs »(maman biologiste connue et papa cosaque du Dom)


L’immensité transparait dès que vous sortez de l’énorme Tupolef . L’aéroport grouille d’hommes en uniforme, armés, mais la foule aussi est là, bruyante, mal habillée, et je ne vois pas les magnifiques jeunes filles au charme slave comme la chanson de Gilbert Becaud…mais un guide nous attend et nous emmène directement à notre hôtel, en plein centre de Moscou, place rouge.Impossible de visiter "seuls".

Ce séjour a été merveilleux, mon mari a pu retrouver la sœur de sa maman et un cousine, nous avons rencontré chaque jour des gens qui parlaient avec amour de la France et connaissaient mieux que moi notre histoire ! la honte, quoi...

Mais hélas, que de déceptions aussi !
- Des haut-parleurs à tous les coins de rue hurlant des slogans contre le capitalisme et galvanisant les foules sur grandes affiches montrant les dirigeants soviétiques vantant le communisme et l'URSS

- Des enfants en guenilles et sans chaussures, pieds nus dans la neige et la glace courant après notre voiture et nous demandant des petits cadeaux

- Une serveuse à Léningrad, me suppliant de l’emmener même coincée dans une malle car ne supportant plus le régime

- La tante de mon époux qui a fait la queue plus de 10 heures, dans le froid avec des chaussures bien fatiguées et mouillées, pour me ramener une demie pastèque parce que la veille j’avais dit que j’aimais cela

- Un queue de près de 2km pour voir le mausolé de Lénine et Staline, et nous, que les gardes font passer devant tout le monde alors que les soviétiques (eh oui, on disait soviétiques) piétinaient dans l’air glacial et tapaient leurs mains sur leur poitrine pour se réchauffer. J’ai eu tellement honte de débarquer dans une luxueuse et énorme voiture devant tous !

- Ma cousine qui refuse les ensembles que j’avais emmenés pour être sur le stand et qui pleure car, me dit-elle, elle sait que c’est le Gl de Gaulle qui nous a habillés pour venir en Russie mais que nous devons les rendre en arrivant en France ! C’est ce que les chefs de cellule leur ont dit et elle a peur que j’aille en prison si elle garde mes affaires qui sont si jolies

- Les jeunes gens dans la rue qui veulent nous acheter nos montres, nos chaussures, nos gants, enfin tout, quoi, car ici ils manquent cruellement de choses banales et utiles.

- Et l’horreur pour moi à l’époque, des douches communes dans les grands hôtels style Mercure, où vous vous retrouvez avec les autres clientes; pas de rideaux et des femmes garde-chiourmes vous regardant sans gène et sans pudeur. Pour limiter les dégâts, je descendais ,car c’était en sous-sol, vers 4h du matin quand tout le monde dormait.

Et pourtant j’ai aimé ce pays, ses magnifiques églises orthodoxes, ses musées, ses grands restaurants où l’on danse aux diners, ou l’on trouve du caviar, du champagne, des vins dignes de nos vins, des plats russes délicieux et surtout cette population accueillante, généreuse, pleine d’amour pour nous.

J'y suis retournée plusieurs fois car mon mari est parti travailler la-bas pour une grosse société française

mais j'ai aussi divorcé car j'ai refusé de vivre dans les privilèges alors que le peuple vivait si mal