13 octobre 2010 12h19

Lalo Skywalker
A propos des 33 mineurs chiliens....

Je leur tire mon chapeau... Ils ont réussi à survivre pendant 2 mois à 700 m de profondeur ne sachant pas ni "si", ni "quand" on pourrait les sortir de là. Ils ont gardé un moral d'acier. Ils ont réussi à rester solidaires. Et maintenant il faut remonter. Le tunnel fait 70 cm de diamètre. La capsule dans laquelle ils sont fait 54 cm de diamètre et la remontée, dans la plus totale obscurité, prend environ 15 minutes..... Et ben moi, je dis chapeau bas.... parce que moi, claustro comme je suis, y a longtemps que j'aurais péter un câble... Hystèrique !!!

13 octobre 2010 12h20

Djabali
oui, mais après la crise d'hystérie, tu te reconstruits un intérieur dont ensuite tu auras du mal à sortir... car qui dit qu'aucun des mineurs n'a vécu ce genre de moment ?

13 octobre 2010 12h22

Lalo Skywalker
En fait, me sachant claustro, je serais déjà pas descendue...
S'ils l'ont vécu, on nous l'a caché... n'empêche, c'est fortiche... Il est certain que leur vision de la vie va être différente maintenant...

13 octobre 2010 12h49
modifiée
13 octobre 2010 12h55

Fabienne ?
Je pense surtout, que si l'affaire n'avait pas été médiatisée, on les aurait laissés crever au fond de la mine.

En 1956, il y a eu une catastrophe minière, dans ma ville : 262 morts, à ce jour, les causes exactes et réelles restent floues.

Un chef-porion (grade élevé, en dessous de l'ingénieur des mines) qui était notre voisin a toujours dit qu'il y avait beaucoup de choses illégales dans les galeries de ce charbonnage là, il y avait travaillé, mais au moment du procès et vu qu'il n'y avait pratiquement pas de rescapés, on a jamais appelé à la barre, ceux qui connaissait cette mine-là.

Les mineurs de fond avaient un caractère spécial, par rapport au personnel de surface, un caractère très rude, il faut en avoir connu, pour comprendre.

Mon Papa a travaillé après ses journées, au triage, en surface, limite, ils étaient considérés comme des gamins par les mineurs de fond.

13 octobre 2010 12h54

Djabali
c'était aussi les années 50, on se permettait des trucs qui aujourd'hui seraient impossible...

13 octobre 2010 13h02
modifiée
13 octobre 2010 13h03

Fabienne ?
Djabali, depuis les années '20, ils savaient que ça pèterait un jour, il y avait déjà eu un accident, avec victimes, c'était un des charbonnages le plus chargé en grisou de Belgique, il y avait une galerie, avec une sortie à ciel ouvert, à 7 ou 8 km du puits principal, elle n'existe sur aucun plan, les vieux mineurs le savaient tous, on leur a conseillé de se taire.

Ils ont transformé le charbonnage en musée de la Mine, mais t'inquiète, on en parle toujours pas.

13 octobre 2010 13h15

Djabali
aujourd'hui, c'est de l'histoire... Donc, qui va s'y intéresser ?

13 octobre 2010 13h32
modifiée
13 octobre 2010 13h34

Fabienne ?
Je suis allée à l'école avec des enfants qui n'ont jamais connu leur papa, ces filles-là existent toujours, certaines maman, aussi, depuis 54 ans on se fout d'elles.


Pourquoi, tu crois, qu'ils n'ont classé le site qu'en 1996 ? Ils ont attendu qu'il n'y ait plus de mineur en vie ...

13 octobre 2010 14h28

Segel
Je rappelle cet excellent texte sur les mineurs que RED nous a conseillé :
Plaidoyer pour que les mineurs du monde entier se reconnaissent dans les souffrances des caissières de grand magasin
http://infokiosques.net/lire...
Je n'ai pas fini encore de le lire, mais c'est extra je trouve.

Petit extrait :
Sous terre, seulement des prolétaires

Ici, au fond de la mine, dans la peur d’un coup de grisou ou d’un éboulement, toutes les séparations chantées par l’idéologie dominante s’effondrent. Ici, il n’y a plus de dieu, plus de patrie, plus de Belges ou d’immigrés, plus de « Bataille du charbon » ou de « Plan quinquennal ». Que cela soit en Chine, en Belgique, aux USA ou en Afrique du Sud, il n’y a plus qu’un tas d’hommes suant du charbon sous le joug des cadences imposées.

Ici au fond de la mine, il n’y a plus qu’une et une seule classe sociale : le prolétariat . La nationalité n’a pas d’importance pour les exploiteurs. Mais ce qui est clair aussi, c’est qu’il n’y a pas un seul bourgeois qui tient le marteau piqueur. Pas de confusion possible. Seul le prolétariat travaille et seule la bourgeoisie en tire profit.

La guerre révèle de façon plus marquante encore cette distribution des rôles. Quel que soit le capitaliste qui s’empare des mines, il n’y envoie que des ouvriers.

En 1940, l’Etat allemand y enverra trimer les prisonniers russes. Lisez les prolétaires russes, pas les officiers de l’Armée Rouge, pas les bureaucrates, pas les gestionnaires de l’Etat. En 1945, l’Etat belge y envoie creuser les prisonniers allemands. Pas les dignitaires nazis, les hauts officiers SS, les ministres fascistes, les banquiers, non, les simples soldats. Prolo dans leur pays, prolo au front, prolo au fond de la mine. Et quand il faudra relâcher les prisonniers allemands et qu’une majorité de mineurs belges refuseront de retourner mourir pour du charbon, l’Etat belge décrétera une « mobilisation civile de toutes les personnes occupées dans les charbonnages depuis le 10 septembre 1944 » en précisant que « les ex-mineurs qui se soustrairaient à cette mobilisation civile seraient exclus du bénéfice du chômage mais aussi passibles d’une peine de prison de 8 jours à un an et d’une amende de 26 000 à 100 000 francs… » (extrait de l’Arrêté-loi paru dans le Moniteur belge d’avril 1945 et cité dans « L’appel à la main-d’œuvre italienne... » – Anne Morelli). Libéré de la guerre, l’ouvrier reste prisonnier du capitalisme. Enfin, quand il fut clair que malgré ces mesures, il n’y aurait jamais assez de Belges pour retourner au charbon, les Etats belge et italien signèrent les accords de juin 1946, qui précipitaient des dizaines de milliers de jeunes italiens dans le noir des profondeurs minières. Des jeunes italiens sans travail, sans terre, sans argent, sans autre propriété que leurs bras. Des prolétaires. Pas des hauts fonctionnaires du Ministère du Travail, pas des rentiers ou des gros commerçants.

Comme on le voit, la recherche inaltérable du profit anéantit toutes les considérations idéologiques, politiques, nationalistes, ... Seule une certaine « reconnaissance » sociale subsiste qui voit les bourgeois, quelles que soient les guerres qu’ils se livrent, refuser d’envoyer leurs semblables souffrir sous les coups du labeur. Une confirmation du vieil adage qui veut que les loups se battent, mais ne se mangent pas entre eux. Les loups en surface, les rats sous la terre. Au fond. Au fond de l’exploitation...

Car quel métier imposé à l’homme a-t-il plus concentré l’inhumanité d’une société dont le seul souci est le profit ?

Quel autre métier que celui de mineur de fond a-t-il à ce point nié l’être humain pour le soumettre aux exigences délirantes de la rentabilité économique ? Quel autre métier a-t-il conduit l’homme à ramper comme un rat plusieurs heures par jour dans des galeries noires, bruyantes et puantes, parfois étroites de 30 centimètres ? Quel autre métier a-t-il placé l’homme face à une telle destruction de son propre corps ? Quel autre métier a-t-il permis qu’un jour on justifie la transformation des organes de respiration de l’homme en véritable chair à charbon ? Quel métier a-t-il autant humilié l’homme, jusqu’à le contraindre à manger aux côtés de ses propres excréments ? « Au fond de la mine, pas de réfectoire ni de toilettes, pas de robinet d’eau pour enlever la poussière de vos mains, ni de votre bouche, pas possible de rincer celle-ci (…) et ce n’est que quand les circonstances le permettent que l’on peut rapidement satisfaire ou apaiser ses besoins, sur les lieux mêmes de votre travail au milieu des dangers et des saletés, devant bien souvent manger aussi à cette même place tout comme du bétail humain. » (La bataille du charbon – Alexandre Lambrix)

Sans oublier les morts. Ceux des grandes catastrophes, bien sûr, une liste interminable. Mais ceux du quotidien aussi, morts un par un, et pour lesquels il n’y a pas le bruit des photographes de journaux à sensation... On n’insistera pas ici sur l’horreur vécue par ces millions d’hommes de par le monde qui furent condamnés aux mines - comme on condamnait aux galères - parce qu’il leur fallait survivre.

13 octobre 2010 14h41

Djabali
Je l'avais lu à l'époque, ça semble essentiel, évidemment

13 octobre 2010 14h51

Prince des terres de l'est
Bonjour les amis
Ça me rappelle mon grand père qui a travaillé au passé dans les mines françaises les années 40 bon dieu il avait seulement 13 ans il ma dit que a l'époque et a cause de la pauvreté les petits enfants algériens donnèrent de fausses dates de naissance seulement pour avoir un travail la bas......voila une partie de l'histoire française qui restera noire pour toujours car elle est écrite par le malheur de la nation algérienne.


c'est a nous de construire un futur de paix pour les prochaines générations

13 octobre 2010 14h54

Segel
Salut à toi Prince !
A l'étranger ils n'hésitent pas à parler de génocide pour qualifier la politique que la France a mené pendant 150 ans avec l'Algérie.

A l'étranger seulement ...

13 octobre 2010 15h52

abra
Je suis ravie que cette histoire se termine bien pour ces hommes.
J'aime moins que le gouvernement chilien ait saisi cette affaire pour se faire un coup de pub.
Il aurait mieux fait d'assurer leur sécurité avant.
Je crains que le sauvetage n'occulte ce genre de pratiques, j'espère que ce sera dénoncé

13 octobre 2010 17h09

Djabali
C'était effectivement une politique génocidaire, certains hauts fonctionnaires de l'État n'hésitaient plus à parler dans la deuxième moitié du XIXe siècle de la fin des populations indigènes. C'est tout de même effarant : alors qu'on assistait à un décollage démographique dans tous les pays arabes (le premier à décoller étant l'Égypte, dès le début du XIXe siècle), la population algérienne a presque diminué de moitié au cours du premier demi-siècle de colonisation ! Avec des méthodes d'extermination de masse particulièrement brutale (la traditionnelle destruction des moyens de subsistance, provoquant des famines immenses, mais aussi la concentration de tribus entières dans des grottes, ensuite enfumées, provoquant la mort de tout le monde).

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