17 décembre 2010 20h23

Segel
Un journal qui meurt, c'est un peu de liberté en plus

Je sais que certains seront déçus :
Et La Mèche s'éteint ...

Voilà, c’est terminé, le numéro 13 de La Mèche, en vente depuis le vendredi 10 décembre et disponible jusqu’à jeudi 23, sera le dernier.
Malgré votre soutien constant, le journal n’a pas réussi à atteindre un équilibre et, après un démarrage honnête (entre 15 000 et 20 000 exemplaires vendus pour le numéro 1, on n’a jamais réussi à avoir un chiffre vraiment fiable), les ventes en kiosques ont rapidement baissé sous les 10 000 pour se stabiliser autour de 6 000 exemplaires, ce qui est très insuffisant. Résultat : on arrivait à payer l’imprimeur et l’envoi aux abonnés, et c’est tout. Pas de locaux, pas de rémunération pour les dessinateurs et les journalistes, pas de salaire pour les permanents.
Une situation envisageable un temps, mais intenable à terme sur un hebdomadaire, qui nous imposait un rythme nous empêchant d’avoir d’autres activités rémunératrices en parallèle.
La tentative d’espacer la parution, avec un numéro 12 resté en kiosques deux semaines, n’a pas vraiment donné de résultats, il a donc fallu se résoudre à arrêter.
Certains nous parlent maintenant d’aller sur internet, de trouver des soutiens financiers… Ce sont peut-être des pistes, elles sont pour l’instant assez hypothétiques.
On vous tiendra évidemment au courant si elles venaient à se concrétiser.
Merci en tout cas de votre enthousiasme, que nous avons pu mesurer sur Facebook, par vos mails, vos courriers et lors des manifs contre la réforme des retraites. Merci d’avoir acheté le journal et de l’avoir fait connaître autour de vous, merci d’avoir harcelé les kiosquiers rétifs ou distraits. Un merci tout spécial aux abonnés, près de 500 quand même, qui nous ont fait confiance, parfois avant même la parution du numéro 1 ! Nous allons faire les comptes pour déterminer s’il est possible de rembourser l’argent reçu sur les abonnements en proportion des numéros envoyés. Les abonnés peuvent nous contacter à ce sujet sur contact@lameche.org .
C’est une triste fin mais l’aventure aura été belle. Nos dessinateurs, certains de nos chroniqueurs ont leur blog, travaillent pour d’autres journaux qui méritent le détour. Vous pourrez, au moins, les y retrouver.
A bientôt, nous l’espérons tous.

La Mèche
le 17 décembre 2010


Après Le Plan B, après Siné Hebdo ... La Mèche aussi ...

17 décembre 2010 20h47

R.WOLF
pour rester positif, je sais qu' Acrimed après appel pour ses frais de fonctionnements a reçu ce qu' il lui fallait pour durer un an.
d' autres sites tiennent parce qu' ils sont soutenus par leurs lecteurs.

je suis en train de dire, qu' un journal, c' est cher ; les locaux, le chauffage, les frais d' envois (l' article en parle), mais surtout les gens sont fauchés.
payer un abonnement de trente euros, pour des gens comme moi, ne va pas de soi. par contre faire un don de dix ou vingt euros à un site est relativement plus facile à gérer.

ceci dit, je préfère le papier, c' est plus beau. mais je suis conscient que les choses changent et qu' on peut plus faire comme "avant".

ils avaient choisi une parution hebdomadaire aussi, tout les quinze jours ou tout les mois eut été plus raisonnable.

dommage en tout cas, c' était un bon journal.

17 décembre 2010 20h56

Segel
Il faut être courageux pour sortir une édition papier de nos jours.

Voici ce que je leur avait écrit récemment :

Objet : votre survie

Pourquoi la gestion financière est toujours le point faible de journaux tels que le votre ?
J'avais écrit à Siné à ce sujet peu après la mort de Siné-Hebdo.

Pourquoi vouloir à tout prix gérer ce genre d'entreprises toujours en spéculant sur les ventes futures ?

Vous faites déjà trop pour 2 euros, je n'arrive plus à tout lire.
je viens juste de finir de lire votre n°12 ... ce qui m'a donc pris plus qu'une semaine.

Faites en moins, vous devriez vous y retrouver financièrement.
Tachez d'équilibrer vos comptes sur la base des ventes actuelles, et seulement sur cette base, essayez de vendre plus de journaux.
Ne cherchez pas à jouer le jeu des "grands journaux".
Regardez plutôt comment font les "petits qui survivent longtemps".

Dites à vos rédacteurs les moins "essentiels" (si vous voulez je peux balancer les noms de ceux que j'aime le moins et de ceux que j'aime le plus) de n'écrire qu'une fois sur deux.
Ce sont des décisions dures à prendre, mais moins que de mettre la clé sous la porte.
Je n'aimerais pas que l'aventure s'arrête aussi stupidement.
C'est avec plaisir que je vous lis.

Amicalement.



Mais le Canard Enchaîné existe bien depuis 1915, et sans pub !

17 décembre 2010 21h07

R.WOLF
ce sont de très bons conseils et ils auraient bien fait de les suivre.

perso, quand j' aime je compte pas, et payer 2€ pour quatre pages ne me dérangerait pas du tout. un journal à mes yeux c' est surtout un symbole, celui d' une appartenance, d' une vision des choses, d' une liberté. c' est ça que je paie avant tout.
évidemment que je ne l' achèterai pas si le contenu ne me plaît pas, c' est logique.

je sais que d' autres en voudront un maximum pour leur fric, ça existe des gens comme ça, partout.

la différence avec le Canard, comme le Diplo, c' est qu' ils ont une clientèle depuis longtemps ; gagner une clientèle et en vivre en temps de crise, il faut être doué ou malin.
ce sont des choses indispensables en commerce, on peut être très bon journaliste mais hélas très mauvais gestionnaire.

17 décembre 2010 22h54

Segel
Mais bon, nous sommes à l'ère Wikileaks, le Canard Enchaîné moderne au fond.

Il a déjà fait deux émules :
http://openleaks.org/
http://brusselsleaks.com/

18 décembre 2010 11h44

Djabali
je pense aussi qu'il est difficile de nos jours de lancer ce genre de journal, sans être, à la base, millionnaire...

Je crois que je vais apprécier brusselsleaks, retour aux Institutions européennes par la petite porte...

18 décembre 2010 11h56

Segel

18 décembre 2010 12h28

R.WOLF
Bruxelles, ses frites, sa Communauté européenne, ses lobbies ..

18 décembre 2010 13h19

Djabali
bah, derrière les couloirs majestueux, les beau slogans et les tenues impeccables, j'aimerais voir toute la grosse merdasse puante de la Commission exposée au grand jour...

18 décembre 2010 13h20

Jean-Pierre ♫

18 décembre 2010 13h35

Segel
Ma foi ... le pire c'est que les gens ne seraient même pas étonnés !

18 décembre 2010 14h07

R.WOLF
le bruxellois est réputé très magouilleur ceci dit.
dans le genre ne ps payer trop de contributions (je ne leur donne pas tort, notez), si vous voyez ce que je voulais dire.

donc ça a du contaminer les lobbyistes ce truc.

.. ne seraient même pas étonnés! je me demande combien de valises bourrées de fric ont circulé dans cette ville depuis qu' elle est capitale de l' Europe. ça doit être fameux.

18 décembre 2010 18h29

Segel
80% des européens estiment que leurs institutions sont corrompues.
Je ne crois pas qu'on ait besoin d'un Bruxelleaks pour le savoir.
La question c'est : pourquoi rien ne bouge ?
En France je veux bien, mais par exemple en Allemagne ?

18 décembre 2010 18h50

Segel
Allez je lance le débat sur QR Allemagne pour voir :
http://de.answers.yahoo.com/...

18 décembre 2010 20h42

R.WOLF
pourquoi rien ne bouge?

on eut pu parler encore comme ça il y a quelques mois, le contraire s' est vérifié depuis.
dernièrement chez Mermet, François Ruffin, à propos des grèves d' octobre avançait la réponse suivante ; il ne suffit pas de vouloir la révolution pour qu' elle ait lieu (je schématise).
il pointait que si la réforme des retraites était passée, c' était par manque d' unité au sein de la contestation.
il y a un article du Diplo ce mois ci qui parlant de la Grèce pointe le même problème, à savoir une opposition qui existe mais qui est aussi très divisée.
idem au niveau européen, chaque pays qui manifeste ou fait grève à son tout représente une réponse supportable pour Bruxelles, une grève générale pan-européenne avec des manifestations partout les ferait reculer.
nous ne sommes plus dans les années soixante, le pouvoir est devenu davanntage cynique, si possible, mais les gens aussi. sauf parfois que la machine s' enraie comme dit dans le film des Mutins sur Chomsky, c' est ce qui a eu lieu en octobre en France et continue en Italie, Grèce, Espagne, GB.

18 décembre 2010 20h56

Segel
L'atomisation de la contestation porte un nom : libéralisme.

Tant que nous n'aurons dans les sphères du pouvoir que des adeptes de cette religion, rien ne bougera.

Et je ne parle là pas seulement des élus, mais aussi de toute la technocratie dominante.

18 décembre 2010 20h59

R.WOLF
je veux aussi dire, que pour qu' un changement réel ait lieu, il faut que la situation soit vraiment devenue étouffante. si par exemple les femmes (et les gays) se sont bougés en 68, c' est parce qu' il s' agissait de catégories pour qui les choses n' étaient plus supportables.
idem aux US concernant la guerre du Viet Nam ; tout a basculé à cause d' une photo de presse (celle des gosses nus sur une route fuyant les incendies dus au napalm).
et que je sache en 68, il y avait encore un parti communiste fort qui pouvait mobiliser les ouvriers (mais je me trompe peut-être sur ce point).
les gens étaient mille fois moins embourgeoisés qu' aujourd' hui aussi.
quand tu penses qu' un gosse qui se met en ménage actuellement exige d' avoir sa maison avec cuisine équipée, plus voiture devant le garage. comment vouloir que des gens aussi embourgeoisés se bougent? bien sur qu' ils accepteront toutes les corruptions, ils ne s' en rendent même pas compte.

18 décembre 2010 21h03
modifiée
18 décembre 2010 21h15

R.WOLF
je n' ai retenu qu' une chose d' Arendt (à propos du totalitarisme), ce mot : atomisation (des sociétés).
le pouvoir soviétique s' est maintenu comme ça, tout le monde soupçonnait et espionnait tout le monde, donc personne ne pouvait bouger.
dans le libéralisme ça donne, tout le monde peut prendre la place de tout le monde, à tout moment.
ou soupçonné de terrorisme, ça marche pas mal non plus ce truc.

en fait, c' est dans ce sens que je posais cette question sur QR / art en lien
http://fr.answers.yahoo.com/...

http://www.ptb.be/nieuws/art...

article qui explique que le problème de mon pays, est peut-être avant tout un problème de classes, sauf qui n' est jamais présenté comme tel.

18 décembre 2010 21h14

Segel
J'avais lu qu'au Viet-Nam c'était le fragging qui devenait trop critique la vraie raison de l'arrêt.

18 décembre 2010 21h22
modifiée
18 décembre 2010 22h04

R.WOLF
http://fr.wikipedia.org/wiki...

oui, il y avait aussi la peur que trop de contestation finisse par entraîner des troubles sociaux importants, ce qui n' est jamais bon pour les affaires.

en général, ce sont plusieurs facteurs qui additionnés font le changement.

18 décembre 2010 22h36

Segel
Ca m'intéresse à fond, mais là je n'ai pas la force ce soir.
Je vois ça demain.
Allez je vais rejoindre mon lit.

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