24 avril 2011 11h57
modifiée
24 avril 2011 12h00

maurice
qu'en pensez vous

l'espace prend la forme de mon regard
hubbert reeves

24 avril 2011 13h15

R.WOLF
je crée ce que je vois.

cherche pas, je viens d' inventer. et pour un visuel à force ça en devient vrai ; les yeux et l' objet ne font plus qu' un.
j' avais souvent ce sentiment en regardant un film, l' impression que j' en étais le créateur.

24 avril 2011 14h17

Hélène
J'ai lu son recueil de pensées qui porte ce titre....très bon livre.
J'aime beaucoup Hubert Reeves, c'est un astrophysicien poête....

24 avril 2011 16h12
modifiée
24 avril 2011 21h12

Tony Truand
Tiens ? Voilà la question insoluble du partage entre l'univers et soi..L'espace peut-il être seulement un effet de mon regard, alors que j'y habite ? Mais si l'espace est une réalité objective, n'est-ce pas mon existence même qui devient illusoire ?

Il n'est pas difficile d'imaginer que le temps est une invention de l'esprit, et qu'il ne passe que parce que nous existons, sinon, où placerions-nous le présent ? Peut-être en va-t-il de même de l'espace. Kant l'envisageait comme la forme de la perception, bref un point de vue de l'esprit. Peut-être peut-on s'interroger de façon moins systématique sur le rapport entre le monde et la vision, sur ce qui est et sur ce que l'on crée, mais le problème semble réellement insoluble..

Mais s'émerveiller, ce n'est pas répondre à la question de l'existence, ni même la formuler, mais porter son mystère à sa plus grande acuité. Les mots figent parfois cette tension de la pensée bandée devant l'abîme d'être pour être, lorsqu'on demande incidemment « pourquoi l'univers plutôt que rien ? », ou, de façon équivalente, « pourquoi sommes-nous là, qui n'avons rien demandé ? » Ce dernier énoncé évoque le prodigieux paradoxe de l'altérité. Les gens naissent les uns après les autres sur cette terre, et puis un jour, par une inexplicable inadvertance du destin, l'un d'entre eux se trouve être vous ! Quel déterminisme présida à votre improbable rencontre avec le monde ? Aviez-vous rendez-vous ? Vous êtes-vous improvisés ? Si nous sommes le fruit de notre vécu, nous devrions en conclure qu'il s'en est fallu d'un cheveu que nous soyons un autre, et qu'il aurait suffit que nous intervertissions notre lieu et notre date de naissance avec quiconque pour que nous soyons lui et qu'il soit nous.

L'action échappe en grande partie à l'acteur. Nous nous souvenons de l'intention de nos gestes, non de la courbe qu'ils tracent dans l'espace. Nous ne pouvons pas faire deux fois le même mouvement. Il n'y a pas deux de nos signatures sur le papier qui soient superposables. Cet effacement est une condition nécessaire à l'action. Nous ne pourrions pas lire si nous prêtions attention au mouvement de nos muscles oculaires pendant notre lecture. Nous achopperions sur chaque lettre. Serions-nous à l'affut de la tension de chacune de nos fibres musculaires, et des transmissions synaptiques les plus déliées de notre cerveau, qu'il subsisterait un point aveugle pour notre conscience. L'oubli est une faculté active de la vie, et l'une de ses conditions. Nos sensations ont aussi leur part d'amnésie. Vous ne sauriez classer spontanément une palette de cartons colorés selon la fréquence des couleurs, si vous ne connaissiez par coeur leur agencement dans l'arc-en-ciel. C'est qu'une couleur n'est pas une onde électromagnétique, mais une reconstruction active de l'esprit, et précisément, la modulation de l'onde lumineuse n'est pas perçue. De même, un train de pulsations rapides fait entendre une note uniforme, dès lors que nous n'entendons plus battre la pulsation.
Détachés par nos actions et nos sensations de la toile des phénomènes physiques, un chiasme indéfectible semble séparer notre existence du monde formel.
Ce que nous oublions, est peut-être précisément le déterminisme de notre inscription dans l'univers.

La trajectoire des particules élémentaires est peut-être écrite avec la certitude d'une équation. Perpendiculaires à l'univers, nous évoluons librement. L'émotion diffuse suscitée par le parfum enchevêtré d'une fleur ne doit pas grand-chose aux déambulations des molécules d'arômes. Notre inscription dans le monde est l'horizon inaccessible de notre conscience. Peut-être est-ce l'ici et là de notre naissance qui nous ancra dans le monde, contingence primordiale d'où découla tout le vécu qui forgea notre identité. Là peut-être se noua le chiasme aveugle qui nous inscrivit dans l'existence.

L'espace alors, de ce point de vue, serait la forme de notre regard, en même temps qu'une réalité objective, et ces deux modes se superposeraient exactement sans se contredire, comme deux miroirs plaqués l'un sur l'autre pour ne pas diverger à l'infini.

Heu...c'était quoi la question déjà ?

24 avril 2011 16h59

maurice
bonjour a tous
merci pour ce partage.Tony,je suis persuadé,sans aucun doute qu'hubert reeves aurait
apprécié ta rèponse tellement riche et clairvoyante.
Pour ma part je voyais la chose d'une manière plus pragmatique.
mon regard visualisant un flacon dans un espace délimité avec un contenu
vu de loin j'observe un seul objet,pourtant ils sont multiples dans ce cas
précis deux .Puis j'avais fait la transposition avec le fonctionnement de notre
système de pensées.Ce que nous percevons comme vrai,comme vérité dans notre univers
de l'imaginaire ,n'est-il donc pas une resultante de micro-vérités;
ce que je perçois de ma verité,de ma conviction sera t'elle pour l'autre la même
vérité?

Sommes nous condamnés a coexister dans des mondes paraleles où seules les lignes
de convergences restent à définir?

24 avril 2011 17h08

Tony Truand
C'est joli !

24 avril 2011 17h11
modifiée
24 avril 2011 17h14

jamydefix
Salut les amis cygalouloux
J'aime beaucoup Hubert Reeves
"l'espace prend la forme de mon regard."

C'est qu'il y en a pour tous les regards la dedant
Pourquoi pas, il n'y a d'ailleurs dans le corps, que l'oeil à être si parfaitement rond.
Tony j'aime bien aussi ton voyage dans l'être au bord du néant
Non d'un pétard, ça vaut bien un bon big-bang
Et si tout était triangulaire, carré ou droit et que ce soit notre regard tout rond, qui invente des courbes partout
Bon j'aurais quand même bien tendance à croire, que tout se courbe et rampe devant le grand dieu des ON.

24 avril 2011 22h56

abra
Ben dîtes donc ça vous inspire cette phrase !

Je ferai plus simple, ça me fait penser au regard qu'un enfant porte sur le monde qui l'entoure : petit on a l'impression d'être le centre du monde, l'axe autour duquel gravitent les autres.
En grandissant, et bien on rétrécit

Pour troubler mon fils, son père lui disait quelquefois : imagine que tu n'as d'existence que dans le rêve de quelqu'un, que se passera-t-il à son réveil ?

24 avril 2011 23h25
modifiée
24 avril 2011 23h28

Tony Truand
C'est quand-même une sacrée foutu phrase..c'est beau comme une pub !

"Renault espace. L'espace prend la forme de mon regard."

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