18 février 2011 13h28
modifiée
18 février 2011 13h33

Djabali
hier, assommé par le travail, j'ai décidé de faire une pause et d'écrire un petit article sur l'Égypte...

Une semaine après la grande victoire de la révolution égyptienne et le départ de Hosni Moubarak, comment évolue la situation en Égypte ?

Le pouvoir est revenu à l’armée, source de la légitimité du pouvoir égyptien depuis la chute de la monarchie. Le maréchal Tantaoui, aux commandes du pays depuis le départ de Moubarak, assure vouloir mettre le pays sur la voie d’une démocratisation rapide. Une commission de juges, présidée par l’ancien juge Tarek al Bichri, a 10 jours pour présenter un projet de réforme constitutionnelle. Le club des juges (représentant environ 8000 magistrats dans le pays) a souvent représenté une opposition concrète au régime de Moubarak, comme lors des scrutins de l'année 2005. Ils en ont payé le prix : comparution devant les tribunaux mais aussi agressions physiques par la police du régime lors de manifestations. Entre de telles mains, la réforme constitutionnelle devrait donc représenter une avancée réelle vers plus de démocratie. Selon l’armée, la réforme constitutionnelle pourrait passer l’épreuve du référendum dans deux mois (donc au plus tard fin avril).


De leur côté, les mouvements d’opposition se relèvent de trois décennies de répression, pendant que la nouvelle génération cherche à se structurer en mouvement politique. Comme le déclare la jeune Israa Abdel Fatah, il est urgent que les organisateurs de « la révolution du 25 janvier » se mettent d’accord sur leurs demandes pour présenter un programme et un calendrier précis à l'armée. Le dimanche 13 février, un premier groupe de huit jeunes a été mandaté pour rencontrer les militaires, sous la direction de Ahmed Maher, fondateur du Mouvement du 6 avril et de Waël Ghonim, le blogueur incarcéré pendant 11 jours par la police du régime de Moubarak. Les organisateurs du mouvement qui a réuni de vastes pans de la société égyptienne contre le régime de Moubarak sont tout à fait conscients des risques de récupération des acquis de cette révolution (par l’armée elle-même ou par les autres mouvements politiques égyptiens).

Mais même du côté du peuple égyptien, la transition en cours n’est pas un long fleuve tranquille. L’esprit de liberté qui souffle sur l’Égypte a encouragé les grévistes à poursuivre la lutte sociale, en pleine transition politique. Les mouvements de grève qui ont pris leur essor dans une Égypte bouleversée par les manifestations n’ont pas cessé. De nombreux services publics sont paralysés, ainsi que de grandes entreprises publiques. Le secteur bancaire est lui aussi touché par le mouvement. Environ 40 % des Égyptiens vivent sous ou juste au niveau du seuil de pauvreté. Si l’armée entend la légitimité des revendications des salariés (des revendications qui portent souvent sur une augmentation des salaires), elle demande aussi de mettre entre parenthèses des mouvements sociaux qui grèvent un peu plus l’économie du pays (au plus fort des manifestations, l’Égypte a peut-être perdu environ 310 millions de dollars par jour).


Mais dans cette période critique pour l’avenir du pays, il est important d’avoir confiance en la capacité d’organisation et de gestion du peuple égyptien. La révolution en cours n’est pas l’effet d’un coup de tête mais le résultat d’un mécontentement qui plonge ses racines dans le temps et dans l’espace, dans des décennies de dictature et dans la quasi-totalité des couches socio-culturelles du pays. Le mouvement est irréversible. De cette révolution égyptienne en cours, le célèbre romancier égyptien Alaa al-Aswani tire trois leçons : « Un, le pouvoir populaire a la capacité de renverser la dictature. Deux, il n'a pas besoin pour ce faire de l'armée américaine. Trois, l'ère des dictatures arabes postcoloniales touche à sa fin. » Gageons que la nouvelle ère qui s’ouvre pour l’Égypte a réussisse le pari de la démocratie, pour tous les Égyptiens.

18 février 2011 14h05

maurice
excellent dans un premier temps on pourrait demander au Maréchal de se faire aider par Mr Thibault conseiller aux mouvements sociaux vu que son poste sera bientot vacant

18 février 2011 15h13

R.WOLF
c' est un bon article, mets le en ligne sur d' autres sites. à moins que ce ne soit déjà fait.

18 février 2011 15h52

Djabali
je l'ai mis sur mon fb, si tu l'utilises, mets ma signature : Julien Masri

21 février 2011 18h11

yv
merci pour cet état des lieux en Egypte, je suis impatient de connaitre la suite
biz yv

21 février 2011 18h14

Djabali
et moi donc ! J'ai hâte de me retrouver là-bas, au plus tard au mois d'août !

21 février 2011 21h19

yv
inch allah
biz yv

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