29 mai 2015 09h14

Jean-Pierre ♫
Quelle est la priorité d'un budget culturel ?

Selon une citation apocryphe attribuée à Churchill, quand on lui proposa de faire des coupes dans le budget culturel pour aider l’effort de guerre, il répondit tout simplement : "Mais alors, pourquoi nous battons-nous ?"

Cette citation est aujourd'hui reprise par certains (François Morel par exemple ce matin sur France Inter) pour critiquer des maires qui diminuent leur budget culturel.

Quant le maire, élu de proximité, fait face à une diminution de son budget, il doit faire des choix. Quand il essaie de maintenir le budget du CCAS et des associations qui font face à l'urgence du quotidien, peut-on lui reprocher de réduire le budget culturel ?

Et je parle bien là du maire, soumis aux contraintes budgétaires, et non du gouvernement qui, lui, dispose de pouvoirs bien plus étendus.

29 mai 2015 15h11

Segel
Notre maire (UMP) a été élu grâce aux voix de son premier adjoint (UDI) qui est aussi investi dans le champ culturel.

La première grande décision de son mandat (si on met de coté l'histoire des bancs grillagés qui ont fait les choux gras d'une certaine presse) fut de convoquer des états généraux de la culture, qui ont réuni tous les acteurs du monde culturel (j'y ai participé d'ailleurs) afin de déterminer ENSEMBLE ce qui est important (budgets à conserver) et ce qui l'est moins (économies à faire).

Je trouve la méthode remarquable.
Quite à couper dans les budgets, autant demander aux acteurs concernés ce qu'ils en pensent, plutôt que d'imposer ça d'en haut.

Les contraintes budgétaires ... sont une réalité.

29 mai 2015 15h17

Segel
Je trouve que ça contraste beaucoup avec le maire précédent (PS) qui avait donné des instructions aux animateurs de MJC de "maintenir le couvercle sur la marmite du mécontentement social" (sic) ... quand il décidait des réductions budgétaires de façon totalement arbitraire depuis son palais du centre ville.

29 mai 2015 19h49

Jean
La citation de Churchill ""Mais alors, pourquoi nous battons-nous ?" me rappel une nouvelle de science fiction qui racontait une guerre menée dans le future par les états-unis face à un ennemi terrifiant, des extra-terrestres monstrueux.
Toute la nation était mobilisée pour gagner cette guerre à tout prix. Tous les citoyens se spécialisaient à la recherche de la performance optimal sauf un qui contestait et qui à la fin de la guerre quand on lui dit qu'on avait gagné pour défendre les plus grandes valeurs de l'humanité il répondit oui mais vous avez tué tous les poètes et toute la poésie.

Alors ils cherchèrent des poètes et ce fut difficile car ils ne savaient plus ce que c'était comme métier. De toutes façon ils n'en trouvèrent pas

(bon c'est de mémoire, j'aimerais retrouver la nouvelle mais ça m'étonnerais)

Alors qui avait copié (une autre nouvelle de SF) L'auteur qui connaissait la citation de Churchill ou Churchill qui avait lu la nouvelle ?

30 mai 2015 09h46

sourire
A mon sens, toutes vos réflexions sont justes mais valables dans un milieu où le minimum est assuré. Dans les pays "en voie de développement", comme nous disons quand il y a conflit, c'est pour la survie et on est loin de parler de budget culturel hélas! les priorités vont aux forages de puits, aux cultures vivrières, etc...J'ose espérer que la France n'en est pas là et qu'effectivement les citoyens peuvent donner leur avis en cas de coupe sombre dans les finances des communes.
Mais vivre en Afrique doit déformer les idéaux car les priorités sont loin de celles de l'Europe..

30 mai 2015 12h37

Segel
sourire ton intervention me rappelle ceci :

30 mai 2015 13h44

Tinou70
Ben en fait je pense que la réflexion de est totalement justifiée... Comment fait-on pour avoir envie de lire, écouter de la musique, danser, jouer quand ton "souci premier" est la faim, la soif, le logement & tous les besoins primordiaux à ta survie ? Je ne sais pas, je reconnais que je n'ai jamais connu parce que j'ai toujours su me débrouiller mais j'avais de la famille, des amis, des collègues mais ça c'était dans les années 60 et en Europe alors fait bien de souligner qu'il y a un monde entre les préoccupations "superflues" de chez nous et les préoccupations "essentielles" de chez elle.

30 mai 2015 14h53

Segel
Devons nous nous reprocher d'avoir une vision d'occidentaux ?

30 mai 2015 16h53

Tinou70
Eh mon grand ce n'est pas un reproche mais à mon humble avis la constatation d'une évidence....Pour te rassurer les Occidentaux commencent à connaître les mêmes répercussions ... A défaut de partager les richesses culturelles ou autres nous allons tous nous répartir les "restes" qui nous seront généreusement alloués par les "nantis" et à mon avis ces restes seront vraiment inexploitables !
Ce sera comme essayer de tirer du jus d'une pelure d'orange... Y'a pas !!!

30 mai 2015 22h10
modifiée
30 mai 2015 22h15

sourire
En fait, mon intervention avait pour seul but de relativiser l'importance du budget!
Comment fait-on pour avoir envie de lire, écouter de la musique, danser, jouer quand ton "souci premier" est la faim, la soif, le logement & tous les besoins primordiaux à ta survie ?
Pour être honnête je vais quand même dire qu'à défaut de "trouver des petits sous" les africains conservent leurs traditions culturelles!
Les moins nantis, comme les riches (il y en a), se retrouvent les week-ends dans leur village natal pour des funérailles, des mariages, la fête du chef, la vénération des ancêtres, et j'en passe!
ils savent profiter pleinement de ces instants:pleurs, danses, chants ne manquent pas et leurs émotions qui nous paraissent souvent enfantines, sont un réconfort qui leur donne le courage de repartir galérer dans les mines, les champs, ou les bureaux.
Un jugement par un chef traditionnel ou un vaudou, un conte sous l'arbre à palabres, une procession de féticheuses, des danses pour les esprits qui sont partis, sont bien loin de nos centres culturels, c'est vrai mais pas inintéressants et même les jeunes sont partie prenante.Pour dire que l'argent n'est pas tout.

30 mai 2015 23h02
modifiée
30 mai 2015 23h05

Jean-Pierre ♫
Effectivement !

Pas besoin d'une subvention municipale pour organiser une soirée autour d'un repas partagé avec un griot qui raconte des histoires en tous genres.

Notre société urbaine et moderne éloigne davantage qu'elle ne rapproche.

Bien-sûr, un griot - ou un conteur car cela existe encore en France - apportera (peut-être ???) moins de "culture" qu'une pièce de Beckett déclamée par Luchini, et bien-sûr moins de compréhension de la complexité du monde qu'une conférence-débat sur les enjeux de la mondialisation. Mais quelle douce simplicité à très peu de frais.

De lointains souvenirs du Gabon se réveillent en moi...

Dormez bien les enfants.
Mama Sourire veille sur nous.

31 mai 2015 00h37

Segel
Je repense encore à la France de l'époque de l'occupation allemande.
Quand tout manquait, les poètes étaient plus que jamais nécessaires ... pour garder l'espoir.
Là encore, on le voit, la culture n'est pas un luxe de nanti.
Ce que la réflexion de Sourire pourrait laisser pourtant croire ...

31 mai 2015 09h59

sourire
Alors je me suis mal exprimée ...

31 mai 2015 11h11

Tinou70
Non tu t'es bien exprimée et puis surtout tu as bien déterminé "Culture" parce qu'en fait c'est en nous, il suffit juste que nous nous exprimions, vivions selon nos traditions, nos coutumes, nos mémoires et pour le faire avons-nous besoin de la moindre pièce de monnaie ? Pour échanger entre tous les Peuples et comparer nos histoires, ensemble et dire à l'autre "Toi tu fais comment ?", être étonné par le comportement de celui qui vous fait face et lui répliquer "Je n'y aurais pas pensé, pas con ton truc !" ou aussi ne pas hésiter à lui dire "Alors là pas d'accord !" et qu'il l'admette ne demande pas la moindre intervention du pognon & pendant que j'y suis de temps en temps quitter les écrans et se rendre à "l'agora" du coin ça serait mieux, non ?

Là encore, on le voit, la culture n'est pas un luxe de nanti.... La poésie avait un rôle salvateur mais il existait un truc idéal "la camaraderie" ... Je sais c'est un concept vieillot qui a pourtant été primordial à l'époque que tu évoques !

31 mai 2015 11h18

lurette
Là encore, on le voit, la culture n'est pas un luxe de nanti.
Sûrement pas ; dans chaque période troublée et conflictuelle, elle a été ce qui donne l'espoir, et permet de ne pas lâcher et d'avancer.
Il y a eu des représentations théâtrales clandestines, dans les camps de concentration, A Auschwitz, par exemple, a eu lieu une représentation du Malade Imaginaire, grâce à une détenue qui avait entièrement réécrit de mémoire la pièce. Et les concerts dans le Ghetto de Varsovie, ou Sarajevo assiégée, qui faisaient salle comble.

Bien-sûr, un griot - ou un conteur car cela existe encore en France -
Il y a de plus en plus de conteurs (qui vivent de ce métier), et transmettent vieilles légendes et contes, souvent pleins de philosophie et d'humour pas du tout superficiels.

31 mai 2015 12h51
modifiée
31 mai 2015 13h26

Tinou70
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31 mai 2015 13h05

Jean
Tinou70 et lurette
Faux problème, vous décrivez deux aspects différents, l'un qui donne un sursaut espoir l'autre sadique qui détruit. Les deux ont existé.

Pour changer de sujet et à propos des conteurs j'ai entendu des textes de la mythologie grec racontés par Claudie Obin d'une manière qui m'a subjugué. On devrait passer des extrais de ces récits dans les écoles dans le cadre d'une initiation aux mythologies (Elle a enregistré des textes sur de nombreuses mythologies sumériennes, mexicaines etc.

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