Publié le 3 mai 2013 par Jean-Pierre ♫

Le voleur de yaourts (Tranches de vie - épisode 1)

Année scolaire 1987-1988. Résidence universitaire d'Évry. Celle-ci est composée d'appartements de neuf chambres avec une salle commune et une cuisine (ce sont des quadruplex : trois chambres par étage et, en bas, la salle commune). J'y passe ma troisième et dernière année, trois années fort agréables où je me suis lié d'amitié avec une Tunisienne, un Ivoirien et une Réunionnaise.

Cette année-là, un mystérieux voleur de yaourts fait son apparition. Il s'introduit nuitamment dans les appartements (avec neufs occupants, il s'en trouve toujours un pour oublier de verrouiller la porte), il prend tous les laitages dans le frigidaire puis s'isole dans la cage d'escalier, mange ce qu'il a pris et laisse finalement les emballages à même le sol dans le local poubelles.

Ce curieux personnage en amuse certains et en inquiète d'autres. Pourquoi diantre les laitages uniquement ? Est-ce un résident ou quelqu'un de l'extérieur ? Tant de questions sans réponses.

Il passe d'un appartement à l'autre et, bientôt, vient notre tour.

Après deux cambriolages successifs, nous décidons de lui tendre un piège. Plusieurs soirs de suite, nous l'attendons, fébrilement, nos portes légèrement entrouvertes, tous prêts à bondir, certains de rage, d'autres de peur.

Quand enfin il survient, nous sommes tellement excités qu'il nous entend bien vite et file avant même d'avoir mis un seul pied dans l'appartement.

(...)

L'année scolaire s'achève. Comme au début de chaque été, presque tout le monde s'en va. Certains reviendront en septembre, d'autres pas. Pour ma part, je profite de mon dernier été de libre pour aller faire le tour du Brésil.

Les rares personnes qui demeurent sont toutes regroupées dans un seul appartement. Il s'agit en l’occurrence de celui que j'occupais. Dans ce dernier, habite Françoise, une fille que je connais puisque nous venons de cohabiter pendant un an. J'ai même essayé de la séduire en début d'année sans succès. Elle fait ses études dans la même école que moi mais avec un an d'écart. Comme elle effectue son stage d'été à Paris, elle reste dans cette résidence presque déserte.

Parmi les nouveaux arrivants, se trouve un jeune homme qui drague de façon lourdingue une des autres résidentes, la voisine de Françoise. C'est du moins ce que nous apprendrons plus tard. Puis vient le mois d'août. Un week-end. Tous les résidents sont partis sauf Françoise et le dragueur lourdingue.

Le lundi, quand les autres reviennent, seule Françoise est là, égorgée, baignant dans une flaque de sang.

Le dragueur, autrefois voleur de yaourts, est retrouvé quelque jours plus tard dans un hôpital où il se fait soigner suite à une pseudo tentative de suicide...

Françoise avait 22 ans et de fort belles tâches de rousseur.


sourire - 3 mai 2013 à 15h25
C'est une histoire terrible,, et qui va nous inquiéter pour les enfants qui s'éloignent de nous

Jean-Pierre ♫ - 3 mai 2013 à 16h57
Je ne sais pas pourquoi cette tragédie me trottait dans la tête ces derniers temps. Alors je l'ai mise par écrit pour qu'elle aille trotter ailleurs.

gonzo - 6 mai 2013 à 00h07
j'ai pas tout compris entre laitages et mort

Jean-Pierre ♫ - 6 mai 2013 à 06h05
Il s'agit de la même personne. A part ça, que se passait-il dans la tête de ce jeune homme ? Je l'ignore...

jamydefix - 9 mai 2013 à 10h13
Comme quoi quand on est cappable de petits larsins tellement hypocrites, ça peut dégénéré terriblement

Jean-Pierre ♫ - 9 mai 2013 à 10h48
Ces larcins n'avaient rien d'hypocrites. C'étaient ceux d'une personne mentalement perturbée.

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