Publié le 3 avril 2013 par Jean-Pierre ♫ - Dernier commentaire le 7 février 2015

Genèse

Le premier jour, Dieu se créa lui-même. A toute chose, il faut un commencement.

Le deuxième jour, Dieu créa l'univers. Mais cette immensité vide et froide le terrifia tellement qu'il ne put en dormir de la nuit.

Si bien que dès l'aube du troisième jour, Dieu décida d'éclairer l'univers de boules de feu et de le décorer de boules de terre. Mais cela, bien que nettement plus joli, ne lui convenait toujours pas. C'était d'une morne platitude.

Alors, le quatrième jour, Dieu installa sur l'une de ces boules de terre ce que l'on appela plus tard la nature. C'était quelque chose de merveilleux que cela : tout un assemblage de plantes, d'animaux et d'éléments qui s'imbriquaient si parfaitement les uns dans les autres que cela devait fonctionner parfaitement pour l'éternité.

Émerveillé par sa création, Dieu admira cette mécanique bien huilée tourner toute la nuit mais, à force, cette trop grande perfection l'agaça. Aussi décida-t-il d'y ajouter un élément perturbateur, un grain de sable.

Ainsi, le cinquième jour, Dieu créa l'Homme et, tout heureux de son idée, il observa avec soin.

Au début, très lentement, mais ensuite de plus en plus rapidement, l'Homme chercha à dominer cette nature qui l'entourait. Et, ce faisant, il la bouleversa.

Cela intéressa beaucoup Dieu de voir sa nature si parfaite être obligée de se battre contre un ennemi de plus en plus dangereux. Il se coucha fort amusé par ce divertissement.

Quel ne fut pas son étonnement, le sixième jour, lorsqu'il s'aperçut que, par rapport aux balbutiements de la veille, l'Homme avait fait des progrès incroyables : animaux enfermés, arbres rasés, océans pollués, même l'atmosphère était abîmé !

Dieu se dit qu'il fallait vite remédier à tous ces dégâts. Il passa la journée entière à réfléchir sans parvenir à trouver de solution. Aussi, lorsqu'il se rendit compte que l'Homme était désormais capable de quitter la Terre pour se rendre dans l'espace, sur la Lune et même d'envoyer des objets sur Mars, quelle audace !, Dieu fut totalement découragé.

Mais, en observant bien, Dieu se rendit compte que l'Homme, dans sa stupidité, était en train de détruire sa planète et, ainsi, de se détruire lui-même.

Rassuré, le septième jour, Dieu décida de laisser l'Homme se suicider. Il consacra cette journée à un repos bien mérité après cette semaine de péripéties affolantes.

Libreville, le 28 février 1981