Publié le 26 août 2013 par sourire

La mort d'un enfant

La mort d’un enfant…
1998
Je suis folle de joie ! dans quelques heures , direction N’kinga Que de chemin parcouru depuis mon coup de foudre pour l’Afrique ! cela fait déjà 9 ans que pour la première fois je foulais la terre togolaise mais que de changements, que d’aventures.
1981 L’élection de François Mitterand et tous mes espoirs déçus pour mon job car mes togolais ont réagi dans les minutes qui ont suivi l’élection . Quel est l’africain assez fou pour souscrire des assurances capitalisation dans un pays socialiste ?
1984 Ma rupture définitive avec l’homme qui m’a révélé ma sensualité mais qui m’a fait vivre un enfer ; pour lui j’ai divorcé en 1975, après 17 ans de mariage…
La rencontre avec un diable noir, plein de femmes et de maitresses et de qui je suis tombée passionnément amoureuse
Ma fille venue me rejoindre sans hésiter sur cette terre africaine , et poursuivant ses études pour devenir toubib
Devenue pédiatre , elle est mariée avec un jeune Burundais rencontré à la fac ; C’est un chirurgien brillant et aimé de tous ses patients ; Aujourd’hui, en cette année 1990, Ils élèvent leurs deux enfants malgré leurs études et leurs excellents résultats. Aujourd’hui ils sont en Tanzanie et travaillent pour une mission chrétienne au fin fond de la brousse
1986 Mon aventure en Guinée avec mon amant haut en couleur (ah ah), plein de charme et de contradictions, parti avec moi pour rompre un peu avec son passé rempli de succès, de femmes, de gosses et d’amour.
1988 l’escroquerie du gouvernement qui m’a demandé de réaliser un ouvrage sur cette Guinée aux mille facettes ! j’ai du abandonner car je n’ai jamais été payée.
Le retour au Togo avec mon grand amour africain, les difficultés économiques et politiques de ce pays, la révolte des togolais contre leur Président, des morts en pagaille, l’hôtel d’Emma (c’est son nom) en grande difficulté, sa boite de nuit populaire à l’agonie, la peur, les menaces des hommes forts du régime
Et ce n’est qu’une partie de mes frasques de la cinquantaine ;
Mais aujourd’hui , Août 1990, je pars ! un troisième petit-fils est né et avec mon big boss nous nous envolons revoir ma petite famille et ce dernier né venu au fin fond de la brousse. Bien sûr c’est le plus beau, le plus merveilleux des bébés. C’est la joie dans la chaumière tanzanienne ! 3 jours pour arriver dans ce coin perdu, 3 jours de bonheur et 3 jours pour le retour.
Tout est super et mon bonheur tranquille convient à mes 63 ans
Et la suite ?
De retour au Togo après avoir vu ce bonheur de ma petite famille,
et puis des ennuis, des ennuis, le Togo va mal, mes enfants reviennent de Tanzanie où ils ont tout perdu dans le container qui avait emmené toute leur jeunesse avec les souvenirs de leur tendre enfance, mes livres anciens et de grande valeur, leurs meubles , leur voiture, enfin tout leur passé et tout le présent ! L’ONG pour laquelle ils étaient partis n’a pas sorti le container du port et maintenant avec les pénalités de retard, nous sommes incapables de payer !
Novembre 1990 Alors, excédés, mon gendre et ma fille ont décidé de revenir avec leurs trois enfants, Emile, 11ans, Emmanuel 8 ans et le petit bout chou Emile !Ils ont une proposition pour travailler dans une clinique en Côte d’Ivoire.
Nous sommes à l’aéroport de Lomé pour accueillir tout ce petit monde mais je suis vite inquiète ! mon petit Emmanuel, qui ressemble à un ange, a maigri, semble avoir du mal à marcher, je ne le reconnais plus. Nathalie et Adoula tous deux toubibs disent qu’il a eu des crises d’asthme mais ne comprennent pas cette grande fatigue et ont hâte d’aller faire faire des examens et radios impossibles en Tanzanie. C’est un enfant brillant qui suit les cours du CNED et n’a que des compliments. Mais ses notes ont baissé et peut-être est-ce la naissance du petit frère qui le perturbe ?
Et la course aux spécialistes commence ! on ne trouve rien ! scanner, IRM, analyses, rien ! et pourtant le petit dépérit Il commence à avoir du mal à parler ! et pire il a des maux de tête terribles.
La veille du jour de l’an, affolées de l’évolution de cette maladie mystérieuse qui détruit notre petit, Nathalie et moi, nous prenons l’avion pour Paris où un spécialiste nous attend et nous reçoit un 1er janvier ! et lui détecte tout de suite sur les photos une ombre légère .à l’arrière du crâne ! IRM en urgence et le verdict tombe ! tumeur au cerveau inopérable ! l’enfant va mourir ! sa santé s’est encore dégradée et il peut à peine parler et marcher ! l’horreur… il est mort un 3 janvier au petit matin…Le père était resté en Afrique avec les deux autres enfants. Je ne m’étendrai pas sur ce drame qui n’a pas de mot assez fort pour le décrire.
Cela fait 14 ans, la douleur est là, sourde, insidieuse et aujourd’hui encore, une chanson, un film, une photo, un anniversaire et cette douleur ressort avec violence dans l’incompréhension et la peur pour lea frères… Depuis, notre petit Allan est né mais rien ni personne ne peut remplacer Emmanuel. Chaque enfant a sa place, la même pour tous , mais celui qui disparaît reste toujours en nous.
Ma fille, pédiatre, n’a rien pu faire pour sauver SON enfant et pourtant elle continue son choix de sauver ceux des autres. Mais quel calvaire lorsqu’on lui apporte un enfant mourant et qu’elle ne peut sauver, quel rappel de son chagrin, de sa douleur. Aujourd’hui ma fille n’est plus la même, mon gendre non plus et notre aîné, Emile a une blessure qui n’est pas encore guérie. Avec son frère, Ils étaient comme des jumeaux, vivaient collés l’un à l’autre , dans cette Tanzanie, dans ce bled isolé de tout où ils n’avaient pas de petits copains.Il n'avait que 8 ans et aimait la vie! c'était la joie de vivre
Je ne souhaite à personne la mort d’un enfant, même à mon plus grand ennemi.
Cette pauvre histoire n’appelle aucun commentaire ! simplement que ceux qui ont le bonheur d’avoir des enfants, leur apporte tout et plus encore en sachant qu’un enfant c’est le plus beau des cadeaux de Dieu (pour ceux qui croient, bien sûr)







Jean-Pierre ♫ - 28 août 2013 à 10h37
...

Emma - 29 août 2013 à 00h25
Il n'y a pas de commentaire Sourire... juste une réelle empathie... merci pour ta confiance...

MAMIE BONHEUR - 20 novembre 2013 à 23h16

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