Publié le 9 avril 2013 par sourire - Dernier commentaire le 15 mai 2013

La vie à l'africaine!


Depuis quelques jours je suis chez un ami et je replonge dans la vie africaine telle que je l’ai connue il y a 30 ans…Une concession à l’orée d’Accra, c’est une grande cour avec des chambrettes, des petites cabanes et beaucoup, mais beaucoup de monde, des poules, des chèvres et parfois des scorpions !.
Le matin dès 4h, les coqs chantent sans vergogne alors que le soleil dort encore. Et comme sortis d’un chapeau de magiciens, adultes, enfants, tout le monde s’agite, sort du profond silence qui règne la nuit . La vie commence.
La maison principale, celle du maître des lieux, a 3 chambres, un grand salon…et de vrais sanitaires, douche, WC, enfin le summum du confort, quoi ! Il est rarement seul, ses anciennes femmes (eh oui, mariage pour tous), ses maitresses, ses cousins et cousines viennent voir le « patron » de temps en temps, et surtout les copains l’envahissent. Je parle des pique-assiettes, ceux qui espèrent grignoter quelques miettes et un bon lit pour quelques jours !
L’hospitalité africaine, c’est fabuleux ! on accueille, on nourrit, on abreuve, on offre sa plus belle chambre au milieu des rires ; les retrouvailles, même après une seule petite semaine d’absence, sont toujours des occasions de « fêter » quand bien même vous êtes fauché.
Donc là où je suis , le Seigneur et tout puissant propriétaire, n’échappe pas à la tradition. Il a droit comme tout un chacun aux bienfaits de la vie communautaire.
Mettez le bout de votre nez lorsque l’Afrique s’éveille et vous vous trouvez comme lui, face à son fils et sa femme avec leurs trois bout ‘choux, un plombier et sa copine avec deux gosses au dos et dans les bras, le chauffeur et l’épouse eux aussi avec leurs bambins, puis un jeun homme, ami de ses fils, venu perfectionner son anglais, et encore un électricien et sa famille, c’est-à-dire une femme avec ses trois petits, Rajoutez à cela une dizaine de coqs et poules, une ou deux chèvres et vous êtes bien dans l’ambiance! Tout ce monde vit entassé dans des cabanes en bois ou dans une dépendance et tout le monde est content.. Ajoutez deux House girls, comprenez des bonnes, et vous aurez une vue d’ensemble de la courette ! les bâtisses sont en bois, vieilles, délabrées, mais cela ne gène pas les occupants… Le fils, lui a une petite maison en « dur » et ne se mêle pas trop à la vie des autres. Personne ne paie de loyer, d’eau et d’électricité ! c’est le luxe avec un grand L. pour tous.
Tranquille, en train de prendre votre petit-déjeuner, vous êtes soudain happée par les histoires domestiques des uns et des autres ; vous n’avez pas le temps de faire ouf ! en belle langue vernaculaire vous êtes prise à témoin ! ça crie, ça pleure, ça gesticule, vous ne savez pas ce qui se passe ! Heureusement, le « patron » apparait ! les hurlements redoublent, chacun y va de son récit. Lui s’installe sous l’arbre à palabres, écoute, parle, parle, et le drame se transforme en comédie ! Il faut dire que le vieux, 84 ans, aime jouer les Salomon et tout le monde cherche à le séduire et à le convaincre de sa bonne foi. !
Ce matin c’est la femme du chauffeur qui se plaint, son mari a mis une « dame » dans son lit pendant qu’elle était partie vendre la bouillie ; hier c’était l’électricien a qui on a volé sa caisse à outils ; demain ce sera l’épouse du plombier qui cherche son mari et qui le retrouve à boire Apatachi, etc., etc.…. et ne croyez pas que j’exagère c’est partout, dans toutes les maisons comme cela ! La vie se passe avec les autres et vous connaissez tout de tout le monde. Ces discussions peuvent durer deux heures, trois heures, et tout le monde assiste aux débats, même les poussins et les moutons essaient d’accompagner les chamailleries. Ce qui est sûr, et j’en suis encore surprise, c’est qu’à chaque fois cela se termine dans l’allégresse. Et si la faute est grave, le coupable va acheter une bouteille de gin, on l’ouvre, on en verse un petit verre sur la terre pour les ancêtres et après eh bien tout le monde boit ! La pauvreté, la détresse disparaissent dans les brumes du tord boyau et chacun retourne préparer la sauce et la pate.. les enfants, nus ou à peine vêtus s’amusent à même le sol, les femmes papotent, les hommes font la sieste, n’ayant pas de boulot fixe. La nuit tombe, les discussions et les palabres reprennent de plus belle malgré la chaleur, les moustiques, le manque d’argent, la misère.
Mais tout ce petit monde semble bien moins malheureux que les citadins que j’ai croisés en Février ! comme c’est étrange