18 juillet 2017 21h43
modifiée
18 juillet 2017 21h50

Jean
La Rose et le Réséda

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnière des soldats

Lequel montait à l'échelle
Et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas

Qu'importe comment s'appelle
Cette clarté sur leur pas
Que l'un fut de la chapelle
Et l'autre s'y dérobât

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du coeur des bras

Et tous les deux disaient qu'elle
Vive et qui vivra verra
Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Du haut de la citadelle
La sentinelle tira

Par deux fois et l'un chancelle
L'autre tombe qui mourra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas

Ils sont en prison Lequel
A le plus triste grabat
Lequel plus que l'autre gèle
Lequel préfère les rats

Et quand vient l'aube cruelle
Passent de vie à trépas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas

Répétant le nom de celle
Qu'aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle
Même couleur même éclat

Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Il coule il coule il se mêle
À la terre qu'il aima

Pour qu'à la saison nouvelle
Mûrisse un raisin muscat

Et framboise ou mirabelle
Le grillon rechantera
Dites flûte ou violoncelle
Le double amour qui brûla

L'alouette et l'hirondelle
La rose et le réséda

Louis Aragon


La belle c'est la liberté.

Je dédie ce poème à Jean Pierre, celui qui n'y croyait pas.
Je n'y crois pas non plus mais je suis dans l'autre camp
Ce poème magnifique dit que l'on peut s'entendre...

18 juillet 2017 23h51

sourire
Je n'y crois pas non plus mais je suis dans l'autre camp
Ce poème magnifique dit que l'on peut s'entendre...
je dirai "il faut aimer"
Rien à ajouter, Je frissonne en lisant Aragon

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