25 septembre 2012 20h08

Djabali
Je m'apprête à baiser mon propriétaire, et ça ne va pas lui faire plaisir

La saga marocaine continue...

Bon, il faut dire qu'il y a 15 jours, j'avais à la maison deux amis et ce que je pourra appeler une connaissance. Ce dernier complètement bourré mais plutôt de bonne humeur. Parmi mes deux amis, l'un qui habite techniquement chez moi depuis plus d'un an. Il est un caractère disons assez ombrageux. Il ne supporte pas la petite frappe qui était chez moi ce soir. Une belle gueule qui vend des CD dans la rue et qui, à l'occasion, revend des téléphones volés. C'est grâce à lui que j'ai eu mon iPhone 4S, sans passer par la case Apple (jamais je ne voudrais avoir sur la conscience le travail de tous ses petits-enfants chinois exposés aux substances toxiques dans les usines de la grande marque mondiale).

Je passe sur les détails de ce qui s'est noué ce soir-là mais, très rapidement, la tension est montée entre mon ami et ce jeune fanfaron. Au point que je leur ai demandé à plusieurs reprises de se taire et de s'éloigner l'un de l'autre. Je croyais en avoir fini quand, quelques minutes plus tard, je les vois se diriger, comme les coqs, vers la porte. L'autre ami et moi-même avons essayé de les retenir, à la porte de mon appartement, dans l'entrée de l'immeuble, mais en vain.

Il devait être un peu plus de minuit. La poitrine bombée, un échange de défi de quelques secondes, mon ami a décroché une petite baigne dans la tête du jeune homme à la coiffure improbable, torse nu dans la rue. Ce que je n'avais pas vu, c'est que l'autre avait dissimulé dans son pantalon le petit couteau de cuisine que j'avais utilisée un peu plus tôt pour préparer mon repas. J'ai encore l'image de cette ordure frappant mon ami à coups de couteau, j'ai crié son nom, paralysée. Très rapidement, quelques secondes heureusement, j'ai entendu la lame casser. Cette petite frappe n'est rien de plus qu'un amateur, à moitié sonné par un coût modéré de mon ami, il a frappé au hasard. Mon ami rentrait à la maison chercher un outil dont il se sert à son travail (il travaillait à l'époque dans la sécurité) : un bâton de bois au bout duquel était fixé une chaîne et, à l'extrémité de la chaîne, quelques clous. L'autre en a pris pour son grade avant de s'enfuir comme un lapin mais je ne voyais que mon ami et du sang. Je m'étais mis derrière lui, je le soutenais, j'ai plein de sang sur moi, sur mes mains. Quand l'autre, au milieu de la rue, a dit qu'il voulait me parler, je lui ai tendu mes mains couvertes du sang de mon ami et je lui ai dit : « tu vois ce sang ? C'est le sang de mon frère. Tu ne reviens plus jamais chez moi ! »

De retour chez moi, je viens voir le blesser : une entaille assez profonde sur le dos de la main gauche. Il arriva bouger les doigts, les tendons ne sont probablement pas touchés. Mais qu'est-ce qu'il pisse le sang ! Je lui fais un bandage improvisé en serrant bien fort. Je passe la serpillière dans l'entrée de l'immeuble (on aurait dit qu'on avait égorgé un poulet !). À l'extérieur, même topo : du sang partout sur une dizaine de mètres. Le jeune qui garde la rue pendant la nuit (dans les rues, dans la ville marocaine, il y a des hommes, des jeunes ou des yeux, qui passe la nuit dehors en surveillant les allées et venues, les voitures, ce sont aussi parfois des auxiliaires des services de renseignement) vient vers moi. Il prend le ballet à cheveux que j'ai utilisés pour nettoyer l'entrée de l'immeuble. Il me dit qu'il va nettoyer le trottoir. Je le remercie.

Avec mon ami nous filons vers l'hôpital. Un des gardiens de l'hôpital a fermé la porte de la pièce, disant qu'il valait mieux que je ne vois pas ça. Je lui ai dit qu'ayant vécu en Palestine, j'en ai vu d'autres ! Je suis rentré. D'habitude, le simple fait entendre le craquement de l'os de mon bras dans mon épaule provoque chez lui une réaction instinctive de dégoût. Alors lorsque l'infirmier a commencé à tripatouiller dans la plaie !

Six points de suture.

De retour à la maison, le jeune qui avait fini de nettoyer le trottoir m'a dit que la police était passée dans la rue, à l'appel probablement d'un des voisins (je savais exactement de qui cela venait : ma voisine de palier, une vieille fille totalement frustrée qui ne cesse de se plaindre de moi). Il leur a dit qu'il y avait eu une simple bagarre de rue, sans ajouter que les deux participants étaient sortis de chez moi. Toute peine méritant salaire, je lui ai donné un modeste pourboire (je n'avais pas grand-chose à la poche, mais je le regrette).

Dès le lendemain, mon propriétaire m'appelle : scandale ! Les voisins se sont plaints, une bagarre, du sang. Ils ont peur. Ils ont posé un ultimatum : soit je quitte l'immeuble, soit ce sont eux qui le quittent. Il me demande donc de partir. Un peu surpris, mais pas trop. Il veut que je parte à la fin du mois, je lui dis que je respecte le droit marocain et que je prendrai donc un mois complet de préavis, jusqu'à la fin de la première semaine d'octobre. Il me demande plus de lui envoyer mon préavis de départ par courrier recommandé. Évidemment, je ne lui ai rien envoyé. J'ai reçu, quelques jours plus tard, une lettre recommandée : il y réitérait son exigence, d'une manière totalement décousue (j'ai oublié : il est bipolaire, j'ai dû provoquer un feu d'artifice dans son cerveau). Un courrier qui m'a vraiment beaucoup amusé : j'avais vu, dans la matinée, un avocat pour me renseigner sur mes droits ! En gros, la lettre est une petite leçon de morale bourgeoise : on se plaint de mes « fréquentations louches » ainsi que de mon « mode de vie » en me rappelant que « certaines conduites tolérées en France sont condamnées au Maroc ». Je l'aurais eu en face à ce moment, je lui aurai demandé lesquelles : ici, j'ai vu tout ce que je n'ai pas vu en France en matière de délinquance, de consommation de drogue, de prostitution et de violences sexuelles ! Je me demande ce qui l'emporte chez lui, la cupidité, l'intolérance ou la bêtise... La meilleure se trouvait à la fin « et autant on a été gentils, compréhensifs et patients, autant on peut se montrer méchants et même sans pitié » Mort de rire !

Le problème, c'est que cette lettre le place dans l'illégalité la plus totale. Pour un bailleur, il y a quatre possibilités pour expulser légalement locataire : 1) la sous-location 2) la dégradation des lieux 3) le non-paiement du loyer 4) la nécessité de loger ses ascendants ou ses descendants. Évidemment, je n'ai rien à voir avec les trois premiers points et pour le dernier, son fils n'est pas encore entré à la maternelle quant à sa mère, elle occupe un appartement au dernier étage de l'immeuble. En gros, je suis juridiquement, contrairement à ce qu'il prétend, indélogeable.

Ce type, malgré sa passion pour le sophisme, est accro au fric et je sens bien venir le litige lors de l'état des lieux : les stores aux fenêtres datent de l'époque de la construction du bâtiment (les années 70), celui de la chambre et l'un des stores du salon sont bloqués depuis des mois. Le réseau électrique lui aussi est d'époque. La baignoire a perdu depuis longtemps sa blancheur et son brillant. Ce crétin de propriétaire qui chipotait lorsqu'il devait changer, quelques mois après mon arrivée, le robinet de la salle de bains ne va tout de même pas me laisser partir sans essayer de ramasser une partie, sinon la totalité de la garantie que j'ai déposée. Heureusement que j'ai consulté un avocat...

Alors voilà comment ça va se passer : puisque je suis gentil, en fait surtout parce que j'y pensais depuis plusieurs mois, je veux bien partir. Mais cela va se faire à MES conditions. D'abord, nous ferons un état des lieux AVANT la sortie de l'appartement et je récupérerai, en espèces, L'INTÉGRALITÉ de la caution. Je veux bien négocier quelque chose au sujet de la première semaine du mois d'octobre, par pur sadisme : j'aime infliger ma miséricorde à quelqu'un qui s'imagine tellement meilleur que moi que ça va le faire crever de rage. Alors, et seulement alors, au terme du mois de préavis officieux que je lui accorde généreusement, je lui remettrai les clés de l'appartement. Parce que dans le cas contraire, j'ai tout simplement le droit de fermer l'appartement à clé et de m'en aller. Sans même payer le loyer. C'est lui qui a tenté de provoquer la rupture du contrat. Qu'il dépose plainte, il est dans son tort et cela lui prendra entre deux et trois ans (selon mon avocat) pour obtenir à nouveau l'accès à son bien, sans qu'il m'en coûte rien.

Franchement, je déteste entrer dans l'histoire pareille, mais s'il y a une chose que j'ai apprise, à mes dépens, alors que je vivais en Palestine, c'est que la meilleure défense, c'est l'attaque, que lorsqu'on est attaqué, tout mouvement de pitié et une faiblesse impardonnable et qu'il faut fracasser implacablement celui qui prétend nous écraser.

Je serai poli, froid, intransigeant.

25 septembre 2012 20h14
modifiée
25 septembre 2012 20h19

Jean-Pierre ♫
Quand Djabali fâché, lui toujours faire ainsi segnor :

Ça y est, la guerre est déclarée, la coordinatrice pédagogique a envoyé un courriel au directeur des cours pour me casser

la lettre de démission que j'avais écrite en quittant l'Égypte, je la savoure encore de temps en temps

Sinon, pas de pitié pour les bailleurs, petits, moyens ou gros capitalistes qui vivent sur le dos du travail d'autrui !

25 septembre 2012 20h36

Djabali
bah oui

25 septembre 2012 20h39

R.WOLF
Moi je le giflerais avec mes diams ce connard (avec le collier je veux dire, trop faineant je suis (et trop bon aussi) pour lever la main sur quelqu' un que je suis.

25 septembre 2012 20h40

Djabali
ça, ce sera pour le moment du départ

25 septembre 2012 20h48

R.WOLF
Classe!

26 septembre 2012 07h09

Jean-Pierre ♫
Je ne vais pas tarder à changer de logement pour enfin ne plus payer de loyer et l'envie me démange de taguer sur le mur blanc La propriété, c'est le vol. Après tout ce que nous avons versé comme loyers, le proprio a bien le droit à ça et, en plus, du strict point de vue juridique, cela reste du domaine de la décoration...

26 septembre 2012 14h55

Djabali
vas-y ! ça reste soft quand même ...

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