15 octobre 2012 14h08
modifiée
15 octobre 2012 14h12

R.WOLF
Excellente intervention concernant la réalité des demandeurs d' emploi.

Agnès
15 octobre 2012 à 13:18
« Occuper les chômeurs »! Déjà cette expression! Ça choquerait quelqu’un de se rappeler que les chômeurs sont des êtres humains?

Ce dont les chômeurs ont besoin, avant tout (laissons de côté de le minimum de respect : après tout même les travailleurs-esclaves n’y ont plus droit de nos jours) – c’est de moyens de subsistance. Par un travail rémunéré si possible, et si pas possible, par une allocation pour laquelle ils ont cotisé du temps qu’ils travaillaient. Cotisation retenue à la source sur leur salaire. C’est bon de le rappeler de temps en temps, ça.

Ou encore pour ceux qui y croient, qui sont compétents, qui ont des idées, la possibilité de lancer leur propre boîte. Et qui se rendront vite compte que primo, ils devront résoudre l’aporie de devoir s’endetter pour des années avant même de gagner un cent, auprès de banques qui ne leur prêteront de toute façon pas parce qu’ils sont insolvables. Secundo, que ça ne s’improvise pas que ce n’est pas permis à tout le monde, et qu’il leur faudra prendre une ou deux années en plus de cours de gestion et de comptabilité avant de se lancer. C’est évident pour certains, pour d’autres, c’est la douche froide. Et tertio, qu’ils auront du mal à être compétitifs sur un marché déjà saturé, et avec des clients eux-même fauchés. Un ou deux passent, beaucoup rament comme des bêtes de somme pour gagner moins encore qu’au chômage, un bon nombre se vautre lamentablement.

Ceci posé, quel genre d’ »occupation » leur propose-t-on si généreusement à ce ramassis de feignasses? Ici en Belgique, en tout cas, c’est formation sur formation, qui le plus souvent ne mènent qu’à une mission temporaire de quelques mois à deux ans (pour les rares chanceux), payée au lance-pierre, puis retour à la case départ. Ou encore des convocations régulières où ils doivent prouver qu’ils recherchent activement un emploi. Formalité facilement contournée par une minorité de profiteurs (avec des lettres de complaisance qu’ils récoltent dans leur quartier) mais parfaitement humiliante et perte de temps, pour la majorité de ceux qui cherchent vraiment parce qu’ils en ont besoin. Obligés de mendier humblement à chaque démarche vaine une preuve qu’ils se sont présentés, ont écrit, ont téléphoné … et se heurter à chaque échec à l’attitude méprisante du recruteur : « ah bien sûr, vous ne vouliez pas vraiment l’emploi, vous vouliez juste un justificatif pour l’ONEM ».

Une idée qui a le vent en poupe chez les beaufs (qui ont encore un emploi) et les libéraux (ravis de l’aubaine), c’est conditionner l’octroi d’allocations à l’exercice d’une activité. S’il y a de l’activité à leur donner, il y a donc du travail à pourvoir. S’il y a du travail à pourvoir, il devrait y avoir un vrai contrat, avec un vrai salaire. Mais un salaire ça coûte de l’argent, et de l’argent, y’en a plus où il en faut. Et comme ces gens ne lisent pas Paul Jorion, plutôt que de s’attaquer à la source du problème, ils préfèrent mettre ces bons-à-rien de chômeurs au travail forcé en échange d’une aumône à peine suffisante pour survivre. C’est beau le libéralisme.

Et enfin, le plus vicieux, pour ceux qui prétendent « occuper » les chômeurs (sans quoi ces lumpen passeraient bien sûr leurs journées avachis devant la TV ou sur le Net), c’est que lorsqu’un chômeur décide lui-même tout seul de « s’occuper », en utilisant son temps libre pour exercer une activité artistique (écrire, peindre, faire de la photo, et avoir le malheur d’être publié – même à compte d’auteur – ou exposé – même gratos), ou socialement utile, genre bénévolat ou dans une association de quartier ou un resto du cœur, aide aux vieux, cours aux jeunes, participation à un SEL, ou n’importe quoi d’autre, vlan! contrôlé, harcelé, attrapé, puni, viré des allocs.

Plus disponible sur le marché de l’emploi, travail assimilé au noir (même si c’est gratuit), qu’ils disent. Pour s’ »occuper » de cette manière, il faut demander la permission, remplir des formulaires, subir contrôle sur contrôle, fournir justificatif sur justificatif, pour qu’elle soit finalement refusée, la permission. Tiens, c’est plus simple et plus rentable de ne rien dire du tout et d’aller dealer du shit discrétos au coin du parc! Faut pas s’étonner qu’il y en ait tant qui le fassent. « Occuper » les chômeurs, certes, mais faut surtout pas qu’ils tirent profit de cette occupation, ni eux-mêmes, ni la société. Non, des tâches idiotes, inutiles, abrutissantes ou imposées, c’est comme ça qu’on les « occupe ».

Finalement, un chômeur occupé, c’est comme un pays occupé : ça ferme sa gueule, ça fait profil bas, ça fait ce qu’on lui dit, et ça bosse pour rien (dans les deux sens du terme).

Tout ça pour dire que lorsque on parle d’ »occuper » les chômeurs, ça m’énerve.

http://www.pauljorion.com/bl...

_ONEM = Pôle emploi en Belgique

15 octobre 2012 14h29

R.WOLF
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15 octobre 2012 14h38

Véro
"occuper" les chômeurs ! quel joli terme
mon petit frère est au chômage... il va de petit boulot en petit boulot... ou de contrat temporaire... le dernier c'était dans la maçonnerie... mais juste pour une année... il a appris plein de trucs, ça lui plaisait... c'était une association qui s'occupait de ça...
en Janvier il devrait "normalement" (si son dossier est accepté... ben oui il faut qu'il soit accepté... pourquoi ? on sait pas...) bosser dans les espaces verts, toujours pour une période bien déterminée.... pas plus d'un an...
sinon tous les 2 mois il est "convoqué" par le CEDIS... pour justifier de ses recherches d'emploi (courriers, rendez-vous etc...)
juste rajouter que pour les courriers ou téléphoner cela coûte très chère pour un "demandeur d'emploi"... sans parler des "déplacements"...
et puis s'ajoute à tout ça la déprime... et quand un "chômeur" est "déprimé".... c'est quasiment "foutu"...

15 octobre 2012 15h46
modifiée
15 octobre 2012 15h56

R.WOLF
Comme le dit l' article, contrairement à ce que certains aiment croire, le chômage n' a rien d' une condition facile. Et les quelques avantages octroyés, par exemple ici, passé la barre de dessous neuf cents euros, tu as la justice gratuite ou est défendu par un avocat du syndicat (syndicat qu' il faut payer), ne font qu' acheter la paix sociale.
Il faut ajouter à cette condition les différentes tracasseries, qu' on soit chômeur ou jeune entrepreneur d' ailleurs, ce sont quasiment les mêmes, qui confère à ce qu' on doit bien appeler du harcèlement.
Je connais tout les aléas de la vie de chômeur, aujourd' hui je dépends normalement (procès en cours) des caisses d' assurance maladie, au quotidien je dois affronter, mort sociale donc isolement, pauvreté, solitude.
Mais la déprime dorénavant je refuse, les choses bougent ou bougeront, tôt ou tard et les gens finiront bien par ne plus se laisser faire, ce dernier point n' étant pas sur néanmoins.En attendant, je m' organise d' une façon qui est presque militaire, lever, coucher à heures plus ou moins fixe, exercice, manger quitte à me forcer, organiser de façon rigoureuse mon budget et surtout, surtout, toujours penser à relever la tête.

15 octobre 2012 16h08

Jean-Pierre ♫
Comment occuper les chômeurs ?
En leur donnant du travail.
Comment trouver du travail ?
En le partageant.

15 octobre 2012 16h54

lurette
JP a tout dit

15 octobre 2012 17h16

Véro
JP a tout dit

en le partageant oui... n'est ce pas pour ça que les 35 heures avaient été créées ?
sauf que certains patrons ont préféré "pressuriser" le personnel déjà présent dans la boîte...
moins d'heures de travail dans la semaine, mais autant d'activité, sinon plus.... plutôt que d'embaucher...

15 octobre 2012 17h45

Jean-Pierre ♫
Les Verts proposent la semaine de 4 jours depuis plus de 20 ans...

15 octobre 2012 18h03
modifiée
15 octobre 2012 18h04

R.WOLF
C' est bien ça pour ceux qui travaillent en entreprise ou dans le service public, mais les autres ils font quoi?

Ou encore pour ceux qui y croient, qui sont compétents, qui ont des idées, la possibilité de lancer leur propre boîte. Et qui se rendront vite compte que primo, ils devront résoudre l’aporie de devoir s’endetter pour des années avant même de gagner un cent, auprès de banques qui ne leur prêteront de toute façon pas parce qu’ils sont insolvables. Secundo, que ça ne s’improvise pas que ce n’est pas permis à tout le monde, et qu’il leur faudra prendre une ou deux années en plus de cours de gestion et de comptabilité avant de se lancer. C’est évident pour certains, pour d’autres, c’est la douche froide. Et tertio, qu’ils auront du mal à être compétitifs sur un marché déjà saturé, et avec des clients eux-même fauchés.

15 octobre 2012 18h40

lurette
Pour créer son entreprise, pas gagné..
Trouver une idée qui marche, et dont l'investissement coûte le moins cher possible.
http://www.bonjouridee.com/i...

16 octobre 2012 10h38

R.WOLF
Pas gagné du tout, le local, les charges, le prêt qui ne sera pas accordé. Les clients fauchés;
Enfin moi ce que j' en dis hein!

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