Publié le 21 avril 2018 par Jean-Pierre ♫ - Dernier commentaire le 28 novembre 2018

Parcours d'un pervers narcissique

Wahid est né en avril 1960 aux fins fonds de la campagne tunisienne, dans une famille de paysans.

Après avoir fait très peu d'études (niveau collège ?), à l'âge de 18 ans il est venu en France où il a épousé Malika, une Tunisienne née en France, ce qui a permis à Wahid d'obtenir la nationalité française. Il a trouvé du travail comme ouvrier dans un grand groupe situé à Bonneville en Haute-Savoie à la frontière suisse.

Wahid et Malika ont eu quatre enfants, deux filles et deux garçons, et, très vite, il s'est mis à battre non seulement sa femme mais également ses filles. Sa femme a demandé le divorce et lui a été condamné à de la prison avec sursis avec une injonction de soin.

Un jour, il a vu son ex-épouse dans un café en compagnie de deux hommes. Celle-ci est allé précipitamment se réfugier dans les WC pendant que lui s'est installé tranquillement à la table en disant aux deux hommes : « J'attends le retour de ma femme. » Une violente bagarre s'en est suivie qui l'a amené à l'hôpital.

Une fois sorti de l'hôpital, il s'est rendu au travail comme si de rien n'était puis a fait passer son mal de dos pour un accident du travail. Cela lui a permis de toucher une prime d'assurance de la mutuelle de son employeur d'un montant de 500 euros par mois, prime qu'il continue à percevoir aujourd'hui. Il s'est également mis en arrêt maladie et, après plusieurs années, moyennant d'obscurs trafics avec je ne sais quel médecin, il a réussi à obtenir l'allocation adulte handicapé dont le montant est actuellement de 860 euros par mois.

Entre temps, Wahid s'est remarié avec une enseignante tunisienne qui avait pris la précaution de se mettre en congés sabbatique. Bien entendu, il s'est très vite mis à la battre mais celle-ci est repartie aussitôt en Tunisie retrouver son poste d'enseignante.

Puis il a épousé une Marocaine appelée Fatima qu'il a rencontré sur Meetic. Celle-ci est venue vivre avec lui à Bonneville puis ils se sont installés à Grenoble. Ils ont eu trois filles. Assez rapidement, Fatima a trouvé un emploi d'aide à domicile dans un foyer pour personnes âgées.

Entre temps, Wahid a hérité d'une part du terrain de ses parents et, dès lors, son unique objectif a été d'y construire une maison où partir vivre sa retraite. Il a donc demandé à Fatima de multiplier les heures de travail afin de construire puis meubler cette maison. Bien entendu, lorsqu'elle revenait épuisée du travail, Fatima devait faire la cuisine et le ménage. Wahid a traité son épouse comme une esclave par contre il n'a jamais pris le risque de lever la main sur elle.

Dix années de mariage ont ainsi passé. La maison en Tunisie s'est progressivement construite. Wahid et Fatima ont même acheté un appartement à Grenoble qu'ils ont fort joliment meublé.

En août 2016, peu après la naissance de leur troisième fille, Wahid a proposé à Fatima d'aller vivre en Tunisie, ce qu'elle a accepté avec une certaine réticence. Bien mal lui en pris. Une fois isolée dans cette maison aux fins fonds de la campagne, à trois kilomètres du premier village, Fatima s'est retrouvée à la merci de Wahid. Ce dernier s'en allait par monts et par vaux boire des cafés avec des amis ou des membre de sa famille ou peut-être même allait-il fréquenter une maîtresse. Pendant ce temps, Fatima se trouvait seule à la maison avec ses trois filles, totalement désœuvrée. Il ne manquait jamais une occasion de la dénigrer à tous points de vue, que ce soit en temps que mère, qu'épouse ou que femme au foyer.

Un jour, Wahid a tenté de lever la main sur Fatima mais, aussitôt, et cette seule fois, Fatima lui a pris le bras et lui a montré une limite. Par contre, il était impossible à Fatima de quitter la Tunisie avec ses filles sans l'autorisation du père. Ainsi est faite la loi tunisienne. Wahid disposait donc de trois jeunes otages qui empêchaient Fatima de partir.

Un an et demi se sont ainsi écoulés et le congé parental de Fatima était donc sur le point d'arriver à terme. L'idée de Wahid était que Fatima rentre seule à Grenoble, obtienne des ruptures conventionnelles de contrat de ses employeurs encore vivants puis, dés lors qu'elle aurait perçu des allocations chômage, qu'elle rentre en Tunisie afin que Wahid puisse continuer de mener un train de vie confortable.

Mais Allah tout Puissant l'avait à l’œil et, le vendredi 16 février 2018, alors qu'il coupait des branches au dessus de son poulailler, Wahid est tombé brutalement d'un mur et s'est retrouvé avec une fracture ouverte du fémur.

Le mardi 20 février, après que Wahid ait été opéré à Tunis, la famille au grand complet rentre en urgence à Grenoble. Certes, ils ont toujours là leur appartement mais, lors d'une visite éclair, Wahid était venu vider l'appartement de ses meubles. Pour en faire quoi ? Dieu seul le sait...

Du coup, la famille au grand complet s'installe chez Karima, une des trois sœurs de Fatima qui vit elle aussi à Grenoble. Celle-ci habite dans un trois pièce avec ses deux enfants et bien-sûr son mari mais qui par chance est souvent absent car il travaille à Annecy.

Se retrouvent donc dans ce trois pièces, les deux sœurs, Wahid et leurs cinq enfants âgés de 2 à 7 ans. Je vous laisse imaginer l'ambiance.

Le lendemain, les deux filles issues du premier mariage de Wahid débarquent avec chacune leur marmot respectif. Mais elles ne passent heureusement qu'une nuit et, dès le lendemain, elles repartent en Haute-Savoie avec leur père dont elles ont décidé de s'occuper. Elles ne tardent pas à lui trouver une place dans une clinique privée afin qu'il suive un traitement de rééducation fonctionnelle.

Dans les jours qui suivent, les fils aînés de Wahid ramènent quelques meubles chez Fatima (un canapé, une télé, une table et des chaises, un réfrigérateur, une machine à laver).

Parallèlement, les sœurs de Fatima (elles sont trois), lavent l'appartement de Fatima, lui remplissent son réfrigérateur à leurs frais et lui apportent des habits pour les enfants, qui se retrouvent fort mal équipés en plein hiver à Grenoble.

Mais Fatima se sent bien chez sa sœur. Ça ne la dérange pas de la squatter, bien au contraire. Car prendre une décision seule est au-delà de ses compétences.

Finalement, le 28 février, après 8 jours chez sa sœur, Fatima est emmenée quasiment de force dans son appartement. Il était temps !!!

Fatima se montre au début très passive. Ses sœurs lui donnent des conseils mais, sitôt qu'elle reçoit un contrordre de son mari, elle suit ce dernier. Par exemple, elle aurait pu inscrire sa fille aînée à l'école du quartier mais Wahid a insisté pour qu'elle l'inscrive dans une école privée musulmane qui se trouve à l'autre bout de la ville et coûte 300 euros par mois. Il tient surtout à ce que sa fille continue d'apprendre l'Arabe.

Mais, avec le recul, elle se met à raconter toute la maltraitance qu'elle a subi durant ce séjour en Tunisie et commence à évoquer l'idée de quitter Wahid.

Un jour, l'un de ses beaux-frères lui donne les coordonnées de l'association Solidarité Femmes Mélina à Grenoble. Elle s'y rend et, là, grâce à l'écoute active et bienveillante d'un psychologue, elle vide intégralement son sac. Ce dernier lui explique le mode de fonctionnement d'un pervers narcissique et ce qui l'attend lorsque son mari reviendra de clinique. Fatima confirme alors son intention de divorcer et, dans la foulée, un rendez-vous est pris pour le 17 avril avec une avocate.

Wahid, lui, s'est finalement remis sur pieds et, moyennant béquilles, arrive assez facilement à marcher. Sentant bien que sa femme lui échappe, il annonce qu'il reviendra samedi 7 avril mais débarque à l'improviste le vendredi.

Là, force lui est de constater que l'objet qu'il a patiemment construit, dont il a bien profité jusqu'à présent et dont il espérait tirer encore profit jusqu'à sa retraite, bref, sa vache à lait, est en train de lui échapper. Il tente alors toutes les méthodes, ruses et stratagèmes, alternant le chaud et le froid, disant une chose et son contraire, changeant d'avis dès que Fatima semble faiblir ou, au contraire, reprendre pied.

Bien entendu, il fait la tournée des sœurs de Fatima, auxquelles il fait à chacune son numéro de charme mais celui-ci ne prend plus. Et devant sa famille, il se pose évidemment en victime.

La journée, il est absent, vaquant à des occupations aussi diverses que mystérieuses. Et pendant ce temps, Fatima est assez tranquille. Mais le soir, le voilà revenu dans la douceur du foyer conjugal et, chaque jour il espère faire changer d'avis sa vache à lait mais rien n'y fait. Il tente tout, même de lui imposer un devoir conjugal fort élégamment décrit dans le Coran, sourate des femmes, verset 223 :

« Vos épouses sont pour vous un champ de labour; allez à votre champ comme et quand vous le voulez et œuvrez pour vous-mêmes à l’avance. »

Malheureusement pour lui, Fatima a fort bien appris que ledit devoir est qualifié de viol et elle ne manque pas de le lui rappeler. En attendant, le temps est long jusqu'au rendez-vous avec l'avocate et les nuits sont longues et angoissantes pour Fatima...