La planète a été envahie par des esprits fantomatiques très agressifs vaguement humanoïdes. Personne ne les a vus précisément. Nous nous sommes réfugiés sous une grande tente rectangulaire que nous avons élevée à la hâte, au moment de l'invasion. Le côté du fonds, plus court, ainsi que le côté de gauche, dans la longueur, reposent sur le biais d'un talus abrupt haut de plusieurs mètres. Des tiges de métal verticales rythment régulièrement (moins d'un mètre) la construction. Un morceau de toile descend entre chacune d'elles. C'est une source d'angoisse pour moi, le fait que l'on puisse entrapercevoir la lumière de l'extérieur au moindre coup de vent avec tous ces espaces qui subsistent. Idem entre le bas de la toile et le sol, il reste bien quelques centimètres. J'ai toujours peur que ces êtres nous aperçoivent à l'intérieur. Elles ne connaissent pas la pité : partout où elles trouvent un être humain, elles se ruent en groupe pour lui ôter la vie d'une manière qui semble extrêmement brutale. Tant que nous restons à l'intérieur, nous sommes relativement protégés. C'est comme si ces choses étaient incapables de distinguer la toile de tente de la terre environnante.
Une deuxième tente de même dimension est installée à quelques dizaines de centimètres sur notre droite. De notre côté, nous sommes une dizaine de personnes. Un peu plus tard, je vois arriver d'autres personnes, très nombreuses, de nouveaux survivants qui viennent se réfugier ici (à mon réveil, je pense aux réfugiés palestiniens qui ont vécu des années dans des tentes). Ils sont vraiment nombreux ! Ils sont répartis entre les deux tentes. Cela fait beaucoup de monde chez nous, au moins une vingtaine de personnes dans un espace qui doit légèrement dépasser la vingtaine de mètres carrés. Je presse que cela sera difficile, mais que faire ? Je m'insurge lorsqu'un débat s'élève pour savoir si il est possible d'entrouvrir légèrement la toile pour voir ce qui se passe à l'extérieur. J'ai terriblement peur en effet que les fantômes puissent nous apercevoir ! Qu'à cela ne tienne, l'un des individus plaque son œil sur l'espace entre une tige de métal et la toile qu'il écarte légèrement. C'est ce que je craignais, avec ce nombre de personnes, il devient difficile de tout contrôler.
Apparemment, il n'y a plus une seule créature (le mot « créature » me dérange, à cause de l'idée de création qui suppose un créateur et ensuite parce que le mot reste plutôt positif. Qui aurait pu créer des choses pareilles ? J'ai voulu l'utiliser à plusieurs reprises mais j'ai changé le mot contre d'autres désignations comme « êtres ») dans l'espace devant nous. Il y a des gens qui sont sortis pour se procurer des vivres ou du matériel de première nécessité. Je veux apercevoir sur l'espace ouvert devant nous un bâtiment en dur, rectangulaire lui aussi. Il est gardé par des individus plutôt massifs et en armes. Je n'arrive pas à comprendre leur attitude : ils sont en train de garder ce qui se trouve à l'intérieur, ils essaient de dissuader un groupe d'humains de pénétrer à l'intérieur (la porte est en effet ouverte j'entraperçois ce que je crois être des étagères métalliques. Je crois comprendre : les esprits fantomatiques doivent se trouver à l'intérieur, dans une sorte de stase (mais je ne sais pas à quoi elle correspond). Le groupe d'une demi-douzaine de personnes force tout de même le massage. Il ne faut que quelques secondes pour entendre un grand bruit de fracas, des cris, je vois des étagères qui tombent sous le choc, des éclairs de lumière. Ils ont été annihilés manifestement. Il faut se dépêcher, tout le monde doit rentrer dans la tente.
Dans le climat de confiance qui régnait pendant les derniers moments, certaines personnes ont remonté la toile, il faut tout redescendre le plus rapidement possible, ne surtout laisser aucun espace disponible. Du côté du talus, je me dis qu'en calant bien le bas de la toile dans la terre du talus cela ne laissera pas passer la lumière. Je le montre aux autres. |
